Entendre un « non ! »
Il suffit d’un seul mot pour transformer un être humain en bête féroce. Pour se détester et nourrir de la haine envers la personne qui le prononce : « non ! ». Ce n’est pas le « non » en soi qui pose problème, mais bien ce qui se passe en nous quand nous l’entendons. Si nous l’interprétons comme un rejet, nous nous sentons blessés. C’est la recette du malheur… En « mode CNV », jamais nous n’entendons « non». Nous savons que le « non » est l’expression maladroite de ce que la personne désire.
Quand quelqu’un nous dit « non ! », c’est une manière primitive de nous dire ce qu’il veut réellement. Inutile d’aggraver la situation en y voyant un rejet : écoutons la demande. En « mode CNV », nous n’entendons jamais ce qu’une personne ne veut pas. Au contraire, nous l’aidons à clarifier ce qu’elle veut… ce à quoi elle dit « oui » derrière le « non ! ».
Marshall B. Rosenberg, « Etre vraiment soi, aimer pleinement l’autre », p 72
L’empathie
L’empathie est une forme toute particulière de compréhension. Elle ne consiste pas en une compréhension intellectuelle de ce qu’une personne nous dit, mais en quelque chose de bien plus profond et précieux. Le lien empathique est une forme de compréhension du cœur, par laquelle nous percevons la beauté de l’autre, l’énergie divine qui circule en elle, la vie qui l’anime. Nous ne la comprenons pas du point de vue intellectuel, nous nous relions à elle. Cela ne signifie pas que nous devons éprouver les mêmes sentiments : il ne s’agit pas de partager la souffrance de l’autre, d’être triste parce qu’il l’est aussi, mais simplement d’être avec lui.
Cette qualité de compréhension nécessite l’un des dons les plus précieux qu’un être humain puisse faire à un autre : celui de la présence dans l’instant.
Marshall B. Rosenberg, « Spiritualité pratique », p 46 – 47
Faire de demandes
Lorsque nous exprimons une demande à quelqu’un, nous lui faisons comprendre ceci : « N’accède à ma demande que de ton plein gré. Surtout, ne fais jamais rien pour moi qui te coûte, qui soit motivé par la moindre crainte, la culpabilité, la honte, la rancune ou la résignation. Car si tu agissais de la sorte, nous en souffririons tous les deux. Je te prie de n’honorer ma demande que si tu en as l’élan profond et que, ce faisant, tu te fasses cadeau à toi-même ». Dans un échange, pour que les deux partenaires y gagnent, aucun ne doit se sentir perdant, aucun ne doit avoir l’impression de faire des concessions.
Marshall B. Rosenberg, « Etre vraiment soi, aimer pleinement l’autre », p 29
Critique et jugements
Toute critique, tout jugement, est l’expression tragique de besoins inassouvis. Tragique, parce qu’en général, cette façon de faire ne permet pas d’obtenir ce qu’on cherche. Bien au contraire, elle est source de tensions et de problèmes de toutes sortes. La CNV nous apprend à passer outre : nous n’entendons jamais la critique, seulement les besoins restés en friche.
Marshall B. Rosenberg, « Etre vraiment soi, aimer pleinement l’autre », p 31
L’amour en CNV
L’amour consiste à nous révéler ouvertement. Et ceci, sans exigence quant à ce que nous demandons. Nous exprimons ouvertement ce que nous ressentons, de quoi nous avons besoin, mais le besoin n’est pas exigence de ce que nous souhaitons. Et l’autre moitié de l’amour se manifeste quand l’autre personne s’ouvre et révèle ses besoins. Il s’agit alors, non pas nécessairement de faire ce qui est demandé, mais de recevoir avec exactitude ce qui a été dit. Et ma conviction est que les gens qui peuvent communiquer ainsi ont une bien meilleure chance d’avoir une relation d’amour épanouissante.
Marshall B. Rosenberg, Extrait d’une interview réalisée par Guy Spiro, pour The Monthly Aspectarian, Chicago – avril 1992
Ne faites jamais rien pour de l’argent
Quand on aide les gens à être très clairs sur ce qu’est un besoin, tout à coup, ils se rendent compte que ce n’est pas important de savoir qui a le plus d’argent. Aussi longtemps qu’on peut satisfaire une certaine aspiration, ce n’est pas l’argent qui compte. Quelle est-elle, cette aspiration ? Elle est très forte : il s’agit de notre besoin de sens, qui n’est pas quelque chose que l’on peut gagner ni apprendre à l’école. Or chacun d’entre nous dispose d’un énorme pouvoir : celui d’embellir la vie. Quand on saisit cela, rien ne peut le surpasser… Lorsqu’on fonde le changement social sur ce besoin, tout en reconnaissant que, oui, cela fait peur de laisser tomber certaines considérations (comme d’avoir plus d’argent ou de s’assurer qu’on ne finira pas sa vie dans la rue), lorsqu’on commence à saisir l’importance de cette aspiration et à se rendre compte qu’on peut la satisfaire en contribuant au bien-être des autres êtres humains, il devient possible de transformer radicalement le monde.
Extraits choisis d’une interview de Marshall Rosenberg
réalisée par Eliane Régis le 7 mars 2002
Objectif de la CNV
Un des objectifs principaux de la Communication NonViolente est d’établir le lien avec autrui – et de ce fait avec l’énergie divine – d’une manière qui permette de donner avec compassion, c’est-à-dire avec l’élan du cœur, en étant au service de nous-mêmes et d’autrui. Nous agissons non par devoir ou par obligation, non par crainte de la punition ou dans l’espoir d’une récompense, non par honte ou par culpabilité, mais pour une raison qui touche à ce que je considère comme notre vrai nature : par plaisir de donner à autrui. En Communication NonViolente, nous aspirons à nous relier aux autres de telle manière que notre vrai nature puisse s’exprimer.
Marshall B. Rosenberg, Spiritualité pratique, p 21 – 22
« Comment va votre énergie de vie ? »
Cette question est essentielle. Dans les cultures de domination, d’où nous venons, on n’y attache pas d’importance. On se focalise plutôt sur des questions comme : « Qu’est-ce qui est juste ? Qu’est-ce qui n’est pas juste ? ».
En CNV, nous allons plutôt mettre notre attention sur des questions comme : « Comment est-ce que je vais en ce moment ? Comment être clair sur ce qui contribue à mon bien-être, ou à mon mal-être ? ».
Si par exemple, tu fais quelque chose qui me fais mal, comment pouvoir te le dire ? Afin de pouvoir te dire comment je me sens, je vais décrire :
- Ce que j’observe
- Ce que je sens
- Ce dont j’ai besoin
Cela me permettra de t’informer sur mon énergie de vie, sur ce qui m’habite et je vais conclure par une demande, en lien avec ce qui me rendrait la vie plus belle.
La question centrale est « qu’est-ce qui est vivant en moi ? ». La CNV amène notre conscience à ce niveau, sur ce qui stimule mon énergie de vie.
Marshall B. Rosenberg, notes de séminaire, Gwatt (CH), février 1994
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